Petite réflexion sur la violence du système…

Il n’est pas dans mes habitudes d’écrire ici sur la politique, mais au vu des événements d’hier soir, je ne peux me taire face à cette mascarade.

Hier soir, ma liberté d’enfanter ou bon me semble, avec qui je veux et dans les conditions que je veux n’a pas été respectée. Pire, la police m’a menacée et a envoyé une ambulance a mon domicile malgré mon opposition formelle et explicite.

Rembobinons de quelques heures…

Je suis donc enceinte et bébé’Potam joue les prolongations… Vu mon antécédent de césarienne, cette fin de grossesse fait l’objet d’une surveillance vigilante par l’équipe de la maternité que nous avons finalement choisie, faute d’intervention de notre assurance DKV pour un accouchement à domicile. Et vu ce même antécédent de césarienne, si le travail ne se met pas en route de lui-même, je sais qu’au plus tard, le 6 juin, ce sera césarienne. Inutile de vous dire que je prie tous les saints, tous les dieux et déesses et que je tente a peu près tous les moyens naturels et sans risques pour déclencher l’accouchement depuis la date du terme (le 22 mai)…

Hier matin au monito, quelques contractions et une sage-femme optimiste… Nous sommes aux anges… En rentrant à la maison après notre visite désormais quotidienne à la maternité, Papa’Potam hésite à partir bosser. Mais les contractions sont encore peu intenses et assez espacées et nous décidons donc qu’il aille bosser… Au fil de l’après midi, les contractions se font plus fréquentes. Lorsque je reçois son message m’annonçant qu’il quitte le boulot, Petit’Potam et moi allons prendre un bain chaud qui active un peu les choses. En sortant du bain, contractions aux 3 minutes, plus intenses. Je m’allonge sur le lit avec Petit’Potam pour un calin-tétée et pour me reposer un peu. Et la, je reçois un message de Papa’Potam: le train a heurté une personne et ils sont coincés. Je stresse.

Dans l’espoir de trouver une solution pour faire sortir mon homme de ce train maudit, je contacte la SNCB qui me dit que je dois contacter le chef des opérations en contactant la police. J’appelle le commissariat de Namur, qui m’oriente vers la police fédérale qui elle-même me demande d’appeler le 101. La, j’explique la situation en essayant de garder mon calme, mais l’angoisse me gagne sérieusement. L’agent au bout du fil me parle et mon instinct me dit qu’il essaye de gagner du temps pour pouvoir trouver mon adresse. Je me dis que je suis parano et que nous ne sommes pas dans un film…. Sauf que quelques secondes plus tard, il me demande de confirmer mon adresse, le nom de mon compagnon et sa date de naissance. Je précise que je ne veux pas d’ambulance, que j’appelle mon médecin ou ma sage-femme, mais que je refuse l’ambulance. Il me ment en prétendant que ces informations sont collectée pour pouvoir transmettre les informations au responsable des opérations chargé de l’évacuation des passagers sur le lieu de l’accident et que sans ces informations, il ne pourront pas trouver mon mari. Moi, bien naïve, j’y crois… Dernière fois que je faisais confiance à un agent de l’état.

Puis, ce gars, me dit que ca le rassurerait quand même de me mettre en relation avec le service 100 (aide médicale urgente). Je lui répond que ce n’est pas nécessaire, que je vais appeler ma sage-femme ou mon médecin, mais il insiste en arguant que ca pèserait sur sa conscience s’il arrivait quelque chose et qu’il ne m’avait pas permis de parler au service 100. J’accepte – maudite empathie!

La dame du 100 ne me laisse pas placer un mot, me dit que je suis une folle irresponsable, que je mets en danger la vie que je porte, qu’elle envoie une ambulance, que ce n’est pas à moi de décider et que si je ne leur ouvre pas, ils défonceront ma porte et que si je refuse l’ambulance, elle portera plainte contre moi pour « non-assistance » a personne en danger. Elle me retransfere au 101 ( police) a qui je répète que je refuse une ambulance, que je ne veux pas être auscultée par un médecin que je ne connais pas. Je leur rappelle également que rien ne m’interdit d’accoucher chez moi, seule ou accompagnée par le médecin ou la sage-femme de MON choix, qu’on ne peut pas m’imposer une ambulance. Re-transfert au 101. Je suis en larme, de plus en plus angoissée. Même refrain, mais cette fois, je parviens a dire à l’opérateur que je refuse l’ambulance, que je ne veux pas être évacuée vers un hôpital de Namur parce que je refuse que Petit’Potam soit confié à une assistante sociale et placé dans un foyer, même si c’est « juste le temps de ».

10 minute plus tard, une ambulance arrive, toutes sirènes hurlantes. Ils sonnent. J’ai tellement peur qu’ils ne défoncent la porte que j’ouvre. Je suis terrorisée, anéantie parce qu’avec tout ce stress, les contractions se sont arrêtées. Petit’potam est crevé mais refuse de manger ou de dormir tant que papa n’est pas la, ajoutant encore à mon stress… Me retrouver face à 2 hommes qui enfilent des gants de latex n’aide franchement pas à me rassurer. Je répète encore que je ne veux pas d’ambulance, que je refuse d’etre examinée par un médecin ou une sage-femme que je ne connais pas. Il me répondent que je n’ai qu’a me débrouiller avec les médecins qui vont arriver.

Quelques minutes plus tard, un véhicule du SMUR arrive, avec 3 hommes de plus a bord. Je me retrouve seule face à 5 hommes qui tente de m’intimider et de me forcer la main. Je leur répond que je n’irai pas dans un autre hôpital que celui que nous avons choisi et qu’il est hors de question que mon fils soit confié à une assistante sociale. Le tout devant les voisins qui n’ont pas perdu une miette du spectacle, au point de sortir de chez eu et de venir écouter de près (2 mètres) tout ce qui se disait. Le manque de discrétion des voisins me révulse à un point inimaginable; ce voyeurisme malsain, cette curiosité infecte… A tel point que j’ai fini par demander aux voisins qui s’étaient approchés s’ils ne voulaient pas carrément pratiquer eux même un toucher pour évaluer mon col…

Je fini par leur dire que la sage-femme est en route et qu’ils peuvent dégager et par leur claquer la porte au nez.

Voila, la fabuleuse histoire d’un mercredi soir qui restera pour toujours dans ma mémoire comme le pire jour de ma vie… Non seulement, je suis choquée par le manque d’humanité et d’empathie des gens, mais je suis aussi outrée par les méthodes honteuses de la police et des services de secours.  Tentative d’intimidation, menaces, abus de confiance… C’est aussi de la violence, un manque de respect de nos libertés et de nos droits. Je reste abasourdie d’avoir à me battre pour préserver mon droit de mettre mon enfant au monde dans les conditions qui me conviennent et pour avoir osé dire que je ne veux pas être auscultée par un inconnu, m’être fait traiter de mauvaise mère qui met la vie de son bébé en danger. Je suis outrée par l’ignorance des gens, y compris ceux qui sont sensé avoir un minimum de connaissance en matière de santé… Et plus encore, je suis choquée de risquer de devoir aller m’expliquer auprès de la police et d’assistantes sociales quant à mes choix d’accouchement…

 

Il aura finalement fallu pres de 2h pour que le train soit enfin évacué… Papa’Potam est arrivé en même temps que la sage-femme qui n’a pu que constater que le travail s’est complètement arrêté et que bébé’Potam va bien malgré tout. Retour a la case départ. Zéro contractions en 12 heures de temps… Le moral qui dépérit pour Papa’Potam et pour moi… Et la menace qui pèse sur ma tête de devoir encore me justifier auprès de ce système qui n’a de « démocratie » que le nom.

Ce qui est sur, c’est que je n’en resterai pas la. J’ai bien l’intention de déposer une plainte formelle contre les services de secours… Toute cette histoire aura fini par achever le peu de confiance que j’avais en cet état qui se prétend démocratie mais qui est en fait une dictature pour moutons de Panurge, en son système de forces de l’ordre et en son système médical. Parce que oui, j’estime que c’est aussi une forme de violence quand des médecins refusent d’entendre qu’on ne veut pas etre ausculté, qu’on a le libre choix de nos médecins et du lieu ou nous voulons être soigné.

 

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